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Procès pour viol au "36" : les deux policiers condamnés à sept ans de prison ferme
Paris Match | Publié le 31/01/2019 à 18h16 | Mis à jour le 31/01/2019 à 19h12 La Rédaction - AFP
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Image d'illustration. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP |
Les deux policiers ont été condamnés à sept ans de prison ferme jeudi pour viol sur une touriste canadienne.
Deux ex-policiers du 36 Quai des orfèvres, Antoine Quirin et Nicolas Redouane, ont été condamnés jeudi à sept années d'emprisonnement par la cour d'assises de Paris pour le viol d'une touriste canadienne dans les locaux de la police judiciaire parisienne en avril 2014. « Ils ont été reconnus coupables du viol en réunion d'Emily Spanton », a déclaré le président de la cour d'assises, Stéphane Duchemin. Un verdict conforme aux réquisitions de l'avocat général.
La cour a été «convaincue » par «les déclarations constantes de la victime » et par « les éléments scientifiques et techniques », dont les expertises ADN et les analyses de la téléphonie, a ajouté le président. La cour a également pris en compte « la particulière gravité des faits » à l'encontre d'une jeune femme sous l'influence de l'alcool et le « lieu de commission des faits », le siège de la police judiciaire. La cour a ordonné l'inscription des deux ex-policiers de la prestigieuse BRI, (brigade de recherche et d'intervention), au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS).
J'ai peut-être été infidèle mais je n'ai jamais violé une femme
Les deux hommes, qui ont été menottés, devront en outre verser 20.000 euros à la victime. Antoine Quirin a éclaté en larmes à l'énoncé du verdict. Avant que la cour ne délibère au terme de deux semaines et demie d'audience, les accusés avaient dit leurs derniers mots : « Je reconnais en tant que policier que je n'aurais jamais dû amener Emily Spanton dans les locaux de la BRI », avait dit Nicolas Redouane. « Je n'ai jamais, jamais, jamais agressé, violenté, violé Emily Spanton ».
« Ca fait 5 ans que c'est un cauchemar pour moi, ma famille, mon fils qui m'a dit ce matin: "Rentre pas tard ce soir" », avait enchaîné Antoine Quirin. « J'ai peut-être été infidèle mais je n'ai jamais violé une femme. Je n'ai jamais violé cette femme ». Plusieurs dizaines de policiers étaient venus soutenir leurs collègues.
La veille, l'avocat général Philippe Courroye avait requis sept années d'emprisonnement. « Mon intime conviction, c'est qu'au cours de cette nuit du 22 au 23 avril, dans les locaux de la BRI, Emily Spanton a bien été une victime non consentante d'actes sexuels », avait-t-il expliqué. Ces policiers ont, selon lui, abusé d'« une proie vulnérable », une étrangère, très fortement alcoolisée. L'avocate d'Antoine Quirin, Anne-Laure Compoint, avait-elle, estimé que « des certitudes dans ce dossier, il n'y en a pas ». « S'il n'y a pas de certitudes, ça s'appelle le doute, et le doute profite à l'accusé ».
Elle aurait changé d'attitude après le départ de Nicolas Redouane
L'issue du procès était incertaine tant les témoignages ont été divergents et la parole de l'accusatrice mise en doute. Les ratés de l'enquête dans les premières heures ont également pesé sur le procès: la scène de crime présumée n'avait pas été sanctuarisée, les policiers avaient pu repartir chez eux, sans même faire de test d'alcoolémie. Et le temps a passé: près de cinq ans après les faits, souvent, la difficulté de se souvenir a été exprimée à la barre.
Une chose a été établie : quand Emily Spanton était arrivée à 00H40 au « 36 », qui était alors le siège de la police judiciaire, elle marchait en titubant et était joyeuse. A 2 heures du matin, elle était en revanche « en état de choc », sans collant, et affirmait avoir été violée. Mais sur ce qu'il s'est passé dans les bureaux, au cinquième étage du « 36 », les versions étaient « totalement opposées », avait rappelé l'avocat général.
Emily Spanton, aujourd'hui âgée de 39 ans, disait avoir subi plusieurs fellations et pénétrations vaginales forcées. Il y aurait eu trois hommes, mais le troisième n'a jamais été identifié. Selon la version des policiers, Emily Spanton aurait fait une fellation consentie à Nicolas Redouane, mais celui-ci aurait eu « une panne ». Puis l'accusatrice, déçue, serait allée dans le bureau d'en face, en short, seins nus, où se trouvaient Antoine Quirin et un autre collègue.
Elle aurait dansé, demandé à être prise en photo sous le ventilateur auquel était suspendu un string noir. Selon Antoine Quirin, elle aurait changé d'attitude après le départ de Nicolas Redouane et parce qu'elle croyait que celui-ci était parti avec sa veste.
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