Texte recopié
120 000, dont 5 000 considérés comme influents . C'est beaucoup. En comparaison, il n'y a que 170 inspecteurs des finances. Et, d'ailleurs, appartenir à plusieurs réseaux ne nuit pas! On compte de très nombreux maçons à la tête d'entreprises publiques. Francis Mer, PDG d'Usinor Sacilor, Raymond Lévy, ancien patron de Renault, Jean Bergougnoux, qui fut successivement directeur général d'EDF et pré-sident de la SNCF, Pierre Eelsen, président d'honneur d'Air Inter, Jean-Claude Leny, PDG de Framatome. Avoir un tablier ne fait pas tout, mais aide, à un moment de sa carrière, à être repéré, soutenu, coopté! On compte aussi beaucoup de maçons dans le privé: Thierry Salmona, directeur de Systems bio industries, Marc Ladreit de Lacharrière, Jean-Pierre Combot, directeur général de la société Bouygues. Les banquiers mythiques Jack Francès et Jean-Marc Vernes l'étaient également. |
On dit que le différend qui oppose Edmond Alphandéry à son directeur général, Pierre Daures, s'explique en partie par leur appartenance à deux obédiences rivales, le premier à la GLNF, le second au GO (voir page 44). Il faut dire qu'EDF est composée de nombreuses féodalités et que les res-ponsables des grandes directions ont souvent une appartenance maçonnique ou syndicale. Il y a de savants dosages. Pierre Carlier, chargé de la production et du transport, est soutenu par la CFDT; Christian Nadal, chargé des relations internationales et de la communication, ainsi que Jack Cizain, chargé du développement international, sont membres de la GLNF. Emmanuel Hau, en revanche, qui était directeur général chargé des finances et qui a été rétrogradé inspecteur général, est membre du GO! Quant à l'ancien directeur général, François Ailleret, catalogué catholique de gauche, qui a été écarté de la direction géné- |
rale, il crie au complot maçon! En tout cas, nombre de cadres d'EDF affirment que jamais un président profane n'aurait pu entreprendre une refonte de l'organigramme.
Mêmes jeux de pouvoir à TF 1. Si le PDG, Patrick Le Lay, n'a jamais caché son appartenance à la maçonnerie, c'est parce qu'il en a eu besoin pour asseoir son autorité dans une entreprise à laquelle il ne connaissait rien. Dès son arrivée, il s'est, comme chez Bouygues, employé à bâtir une hiérarchie parallèle. Guillaume de Vergès et Francis Williaume, tous deux directeurs généraux adjoints, sont membres, comme lui, de la GLNF. Idem pour Xavier Couture, directeur de l'antenne, Jean-Claude Narcy et Charles Villeneuve, directeurs des opérations spéciales, Bruno Cortès, rédacteur en chef du 20 Heures. Angelo Codignoni, ancien directeur général de La 5, consultant auprès de la présidence, est maçon lui aussi. Quant à Didier Sapaut, ancien directeur du développement de France Télévision, membre du GO, il a été recruté par Le Lay parce que c'est un homme compétent, mais également parce que le président de TF 1 avait besoin d'un relais GO auprès de certaines catégories de personnel plutôt de gauche et proches du Grand Orient. Etienne Mougeotte, directeur général de TF 1, simple profane, navigue au milieu de cet écheveau.
François d'Aubert raconte que, secrétaire d'Etat à la Recherche, il s'est un jour aperçu que, lorsqu'il demandait à ses directeurs de lui suggérer des noms pour des nominations, on lui fournissait très souvent des candidats maçons. Il a commencé à diversifier ses sources d'information et les maçons n'ont jamais protesté quand il écartait l'un des leurs. En revanche, quand François Bayrou est arrivé au ministère de l'Education nationale, en 1993, il n'a pas osé toucher à Christian Forestier, directeur des lycées et collèges, pourtant ouvertement de gauche, craignant de s'attaquer à un maçon qu'on disait très influent. Finalement, Forestier a été écarté par Claude Allègre, au motif qu'il était fabiusien.
A entendre certains membres éminents de la haute administration, la franc-maçonnerie, qui, jadis, incarnait la lutte en faveur des droits de la personne contre toute forme de pouvoir absolu, s'est transformée en féodalité conservatrice. «A l'Education nationale, c'est très net, confie Jean-Louis Mandinaud, vice-président du Conseil économique et social. C'est devenu un milieu corporatiste, très engagé dans un syndicalisme qui défend des
L'ÈXPRESS 2/4/98 p 97
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