Pornographie
au tribunal de Grenoble 38000 - France -
Infos | Le juge faisait des photos de nus au tribunal
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le jugement de la honte
Le Parisien.com 15 février 2002
LUNETTES FINES, cheveux grisonnants, costume serré. Francis
Carle, 49 ans, juge de Grenoble, était poursuivi hier
devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour avoir
pris des photos de femmes nues dans l´enceinte
du palais de justice de sa ville et recruté des modèles,
notamment mineures, parmi les stagiaires
qu´il recevait dans le cadre de son activité professionnelle.
Détendu et combatif, le magistrat a invoqué la liberté
de création. Cependant, la discussion avec le directeur des services
judiciaires a vite tourné au dialogue de sourds. Après
avoir demandé au minimum une mutation d´office, M. Gariazzo,
représentant de la Chancellerie, a requis la sanction la plus
lourde, une révocation : « Je me demande si l´éloignement
suffira, a-t-il expliqué. Je crains que vous n´ayez pas
pris conscience que vous êtes en dehors des clous. »
De fait, le juge Carle, qui a siégé
lors du procès de l´Ordre du temple
solaire (OTS), est tout, sauf un magistrat conventionnel.
Entré major de la promotion de l´Ecole nationale de la
magistrature, il en est sorti en queue de classement à cause
de sa liberté de parole.
« La lumière était superbe dans cette salle »
Les témoins se succèdent à la barre. Un magistrat
décrit un esthète, issu d´une famille protestante,
avec une éducation rigoureuse. Un pasteur insiste sur son engagement
associatif et son souci de l´autre. Un avocat parle d´un
homme entier, brut de décoffrage, ce qui peut parfois poser des
difficultés. Autant de louanges qui ne résistent pas à
l´énoncé des faits.
L´affaire a démarré le 13 octobre 2001, lorsque
l´épouse du juge a appelé
les policiers à la rescousse. Son mari était en train
de se faire casser la figure par le père de Jessica, jeune fille
de 16 ans, qui avait découvert un petit
mot ambigu du magistrat et une série de photos dénudées
dans une lettre adressée à sa fille. Lors de
la perquisition, les policiers mettent la main sur plus d´un millier
de photos de jeunes femmes plus ou moins
dénudées. Quelques clichés de nus, notamment
ceux de Johanne et Capucine, ont
été pris dans la salle d´audience. Explication du
juge Carle : « La lumière était superbe dans cette
salle de style Renaissance. Pour moi, c´était un geste
de recherche esthétique ». Le juge photographe a également
photographié, dans cette salle, sa femme en sari, mais aussi
le couple de concierges du palais de justice, qu´il prévenait
de ses visites. « Uniquement les jours fériés »,
précise encore Francis Carle. Il conteste avoir abusé
de ses fonctions de magistrat pour se faire un carnet d´adresses
de modèles, uniquement des amies
Le directeur des services judiciaires n´a pas cillé :
« Vous avez porté une atteinte très grave à
l´image de la justice. Vous avez perdu tout repère éthique.
Vous me posez un gros problème. » Pendant ce temps, les
membres du CSM tournent méthodiquement les pages de leurs dossiers,
constitués des photos du juge artiste incompris.
Christophe Dubois
http://www.chez.com/constit/4821.html?#Carle
http://forums.transnationale.org/viewtopic.php?t=1443