Accueil   POUVOIR OCCULTE et République     L'affairisme maçons ! ROSE-MAFIA ! 25.000 frères à Grenoble !

Lisez cet affairisme crapuleux, que l'on retrouve dans toutes les institutions de la République dans beaucoup de villes de France, très protégés par nos procureurs véritables pourriture de nos institutions qui jettent en prisons ceux qui publient les dérives (Des magistrats en principe au service du peuple !)
Si l'on vidait nos prisons de tous ceux qui ont volés 100 fois moins que le type de crapules ci-dessous, il n'y resterait plus grand monde ! Lisez, comment le peuple de la France est volé par ceux qui dirigent et que vous croyez choisir
!
Ci-dessous publiés par La semaine du Roussillon n°975 du 5 au 11 mars 2015, et, Mediapart du 21 mars 2015

A t-on pendu Bouille en prison pour le faire taire sur les complicités ?

Des liens avec le commissaire de Grenoble et Neyret ?

"Alain Bauer a profité de contrats de
complaisance à la Caisse des dépôts"






"...grand
maître du
Grand
Orient
de
France..."





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La semaine du Roussillon n°975 du 5 au 11 mars 2015
Affaire Bouille Francs-maçons, corruptions laxisme...

Tout ce qu'on ne vous a pas dit !
Les audiences de l'affaire Bouille, du nom de l'ancien maire de Saint-Cyprien, se sont achevées vendredi, avec les dernières plaidoiries. Le jugement du tribunal sera livré début juin. La mise en lumière de cette affaire aboutit à deux constats : les loupés des contrôles administratifs et juridiques qui auraient dû stopper les agissements de Jacques Bouille, élu maire en 1989, et éviter la dérive dramatique de l'affaire ; les lacunes de l'enquête et les pistes ouvertes et non creusées. Il y a encore du grain à moudre au cour de l'affaire Bouille.

Antoine Gasquez

Crèche de Saint-Cyprien (1991)
Marchés à géométrie variable

Mi 1991, la mairie de Saint-Cyprien fait faire des études, architecte, maîtrise d'ouvrages, pour la réalisation d'une crèche communale. En août 1991, la préfecture approuve les marchés passés. Le maire demande alors, le 17 septembre 1991, à l'architecte de modifier entièrement le projet. Celui-ci sera refait dans son ensemble. Le coût du gros ouvre va augmenter de 45 %. Mais aucun nouvel appel d'offres ne sera

lancé. L'architecte, Chantai Gros, devra réclamer à Jacques Bouille la rétribution de ce nouveau travail.

Des travaux jamais réalisés

Elle obtiendra d'être rémunérée sur la base d'une nouvelle facture pour des travaux jamais réalisés. L'opposition d'alors saisira la préfecture et le procureur de ce dossier. Qui n'aura pas de suite.

 

Station d'épuration (1992) Station sans appel d'offres

Pourquoi n'a-t-on pas stoppé Jacques Bouille il y a des années ?

C'est une des questions essentielles que comporte le dossier traité par le tribunal de Perpignan, la semaine dernière. De très nombreux signaux s'étaient allumés dès le milieu des années 1990 pour indiquer les agissements très particuliers du maire de la commune. En 1992, le Sivom de Saint-Cyprien, la première intercommunalité des P.O., piloté par Jacques Bouille, décide de réaliser une station d'épuration. Une enquête publique a confirmé la nécessite de construire cet équipement. La structure doit être réalisée logiquement sur la base d'un appel d'offres. C'est en particulier ce qui avait été annoncé à la Saur, une société fermière du groupe Bouygues, en 1992. La Saur ne pourra que constater en décembre 1992 que « Malheureusement, ce appel d'offres n'a pas eu lieu ». La Générale des Eaux, autre société fermière, connue pour avoir pratiqué des tarifs largement abusifs sur le district de la Côte Vermeille, obtient le marché pour sa filiale

CEO (Compagnie de l'Eau et de l'Ozone), sans appel à concurrence. La station doit coûter près de 80 MF. La loi stipule alors que ce type de travaux doit passer par un appel d'offres public. Le préfet Bonnet sollicité par l'opposition, tapera en touche, en considérant que l'acte ne doit pas être soumis au contrôle de légalité. L'opposition estime qu'une partie du montant des travaux a pu financer le RPR, pour la campagne de Jacques Chirac. Il n'y a aura pas de suite. Lors des cantonales à venir, l'opposition s'étonnera du soutien de Juppé à Jacques Bouille. Comme du fait qu'il soit décoré de la Légion d'honneur par Patrick Devedjan, alors ministre. Ce qui agacera aussi une partie du RPR local.
LA HALLE à la maraie (1994) Une criée pour ... les guirlandes de Noël

Le 3 mai 1996, La Semaine du Roussillon évoquait déjà une des curiosités de la station. Jacques Bouille venait de faire construire contre l'avis de la CCI, des Affaires maritimes, de la préfecture , une halle à la marée. Celle-ci, nouvelle criée de Saint-Cyprien, ouverte en 1994, est dotée d'une usine à glace pour les pêcheurs et les
mareyeurs. Elle ne sera pratiquement jamais utilisée. Le coût de l'ensemble est passé de 5,5 millions de francs au départ à 11,70 MF au final. Dans un rapport du 28 mai 1998, la Chambre régionale des comptes relevait des anomalies dans la passation des marchés concernant cette halle, notamment en ce qui concerne le marché de maîtrise d'ouvre qui n'a pas fait l'objet d'un appel d'offres comme cela aurait dû être le cas puisqu'il dépassait le seuil fixé alors à 450 000 FTTC. Cette facture s'élèvera au final à 615 272 FTTC. L'équipement tout neuf servira rapidement à entreposer les... guirlandes et accessoires de Noël de la commune.

Quai Rimbaud (juin 1994) Marchés saucissonnés

Jacques Bouille comparaît devant le tribunal correctionnel de Perpignan le mercredi 27 février 2002. Il s'agit des aménagements du quai Rimbaud en 1994.

La justice s'est aperçue que les travaux d'aménagements commandés par la commune ont été réalisés illégalement :1e montant des travaux a été saucissonné pour éviter de dépasser le seuil de 100 000 € au-delà duquel des avis de marchés doivent être publiés. Par ailleurs, les entreprises ont démarré les travaux une dizaine de

jours avant, que les marchés ne soient attribués. Le procureur adjoint requiert contre Bouille 1 525 € d'amende et deux mois de prison avec sursis.

Le coût total du chantier s'élevait, lui, à 700 000 €. Délibéré annoncé pour le 2 mai. Finalement, c'est le 13 juin 2002 que le tribunal de Perpignan annoncera la relaxe de Jacques Bouille, en estimant, contre l'avis de la Direction de la Concurrence, que le maire de Saint-Cyprien n'avait commis aucune irrégularité.

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8 La semaine du Roussillon
Dossier
Du 5 au 11 mars 2015
Double emploi (1993-1996) Surhomme
Cantonales 1994 Droit à la magouille

Le cas de Serge Pallares est également des plus curieux. Le directeur du port, aujourd'hui président national de la fédération des ports de plaisances, est parvenu à cumuler au sein de la commune deux emplois : celui de directeur du port mais aussi de directeur de la SEM, la société d'économie mixte qui gère entre autre le camping municipal. La décision officielle a été prise en Conseil municipal le 20 mars 1996. Mais la situation durait

déjà depuis des années.
Le directeur du port cumulait donc deux emplois à temps plein avec deux salaires à la clé. Ce cumul a provoqué un vif débat en conseil municipal et la démission d'un expert-comptable élu sur la liste Bouille qui ne voudra pas cautionner ces agissements. Il aurait, selon des témoins, été menacé physiquement pour cela. Le ministre de la Justice a été informé de l'existence de cet emploi fictif par l'association
« Saint-Cyprien ma ville » en mars 1996. Démarche sans suite judiciaire. Serge Pallarès démissionnera cependant rapidement du poste de directeur de la SEM en juillet 1996 après qu'une enquête administrative a été lancée. La SEM continuera à fonctionner sans directeur, ce qui atteste selon l'opposition de l'attribution par la ville d'un emploi fictif durant quelques années. Aucune poursuite ne sera enclenchée pour cela. Jacques Bouille est élu conseiller général à la suite des élections cantonales de 1994. Mais l'opposition saisit le tribunal administratif pour dépassement des comptes de campagne. La commission des comptes de campagne constate que l'élu a déclaré 74 636 F mais que 19 366 F (26 %) de dépenses supplémentaires n'ont pas été déclarés. Le Conseil d'Etat examine l'affaire le 11 septembre 1995.
Le Commissaire au gouvernement demande l'invalidation de l'élection et l'inéligibilité de Bouille pendant un an. Mais la date d'audience prévue, le 24 novembre 1995, est reportée. Jacques Bouille en séance publique du Conseil municipal annonce, confiant que les juges au Conseil d'Etat ont changé.
Le 15 décembre 1995, le Commissaire au gouvernement conclut au « rejet du compte de campagne » de Bouille, à la constatation de l'inéligibilité de ce dernier et à l'annulation des élections. D'autant plus, que sa campagne électorale a été financée par des deniers publics, à travers les publications

de la commune et du Sivom, soit 26 % des dépenses supplémentaires déclarées dans les comptes de campagne.

Le Conseil d'Etat, prononce son jugement le 29 décembre 1995. Il confirme que Jacques Bouille a bénéficié d'argent public pour financer sa campagne.

Ce qui est illégal. Mais de manière assez ubuesque, le Conseil d'Etat estime que ces dépenses illégalement perçues, ajoutées aux autres dépenses de campagne ne dépassent pas les plafonds autorisés. D'où le rejet des réquisitions du commissaire enquêteur, ce qui est très très rare. L'élection est validée.

Ce jugement vaudra à Bouille un papier du journaliste Jacques Molénat dans L'Evénement du Jeudi titré « Le droit à la magouille ». Le jugement du Conseil d'Etat atteste pour beaucoup d'observateurs politiques que Jacques Bouille était devenu intouchable.

Un élément qui a dû contribuer énormément aux dérives qui ont conduit finalement à son suicide dans la prison de Perpignan.

Travaux sur la RD 40 (1995)
Au détriment de la concurrence

Dans un rapport du 25 mars 2003,la Chambre régionale d es Comptes (CRC) se penche sur l'appel d'offres concernant les travaux de la RD 40 en 1995. Des appels d'offres refaits à plusieurs reprises, à la demande parfois de la préfecture.

La CRC constate que la mise en place dans les derniers appels d'offres de « 14 qualifications.

différentes » pour les candidats, pour un marché de travaux sans « difficultés particulières » a joué au détriment de la nécessaire concurrence souhaitée par le code des marchés publics.
Dans le même rapport la CRC verra les mêmes remarques concernant les travaux d'entretien et de réparation de la voirie communale. Les deux marchés
ont été attribués à des groupements conduits par l'entreprise Colas. Un membre de la commission d'appel d'offres, Louis Martinez, qui avait voté contre cette attribution alerte le procureur de la République en novembre 1995 ainsi que la mission interministérielle sur les marchés publics. Sans effet.

Marchand de sable (2005) Une autre curiosité

Rapport de la chambre mai 1998

En mai 2005, la mairie procède à des opérations de dragage et réensablement de la plage Maillol. Mais alors que ces travaux conduits par les Ets Guintoli s'achèvent, on découvre un nouveau stock de 8 000 m3 de sable en mer à hauteur du site de dragage. Le 31 mai 2005, le maire convoque pour le mardi 7

 

juin, la Commission d'appels d'offres de la ville pour un avenant au premier marché de ré ensablement. La commission valide donc un avenant de 69 600 € pour ce travail supplémentaire. Mais le lendemain, mercredi, les tuyaux de dragage sont démontés de la plage. La drague dans le port ne fonctionne pas. Le jeudi 9 juin 2005, le Conseil municipal de Saint-Cypricn vote l'apport de 8 000m 3 de sable supplémentaires. Mais les travaux de dragage ré ensablement n'auront plus lieu après cette date. Que sont devenus les 8 000 m 3 de sable supplémentaires payées 69 600 €. On ne le saura pas. Dans sa lettre d'observation définitive du 28 mai 1998, la chambre régionale des comptes note à propos de la gestion de Saint-Cyprien : « les frais du compte contentieux sont importants. Ils concernent les honoraires réglés à divers cabinets d'avocats pour des dossiers précis et les honoraires réglés au cabinet Pages, conformément aux conventions successives passées, mais sans qu'au vu des pièces produites, aucune affaire contentieuse soit prise en charge par ce dernier ». Au total la facture pour le dernier cabinet cité porte sur 1,1 MF entre 1990 et 1994. A l'époque Jacques Bouille et Jacques Pages fréquentent la même loge « Antoine de Saint-Exupéry» de la GLNF. Selon la Chambre des comptes, les délibérations concernant ces émoluments n'indiquaient par leurs montants, contrairement aux dispositions du code des collectivités. Ces conventions étaient passées dès 1989, soit la première année où Jacques Bouille est devenu maire de Saint-Cyprien. « La ville, relève la Chambre, a produit des notes réalisées par le cabinet. Un bon nombre est relatif à des questions d'ordre général traitées dans la documentation dont dispose normalement tout secrétaire de mairie ». En clair, il n'y a pas eu de contrepartie aux sommes versées à Jacques Pages, à l'époque trésorier local du RPR. La Semaine du Roussillon avait à l'époque fait un compte rendu du rapport de la CRC, en ironisant et en rapprochant ces émoluments aux faux rapports

de Xavière Tibéri, épouse du maire de Paris à l'époque, qui avait perçu de l'argent pour un rapport bidon. Cela a valu à la Semaine et à l'auteur de l'article, votre serviteur, d'être mis en examen par la juge Sylvie Cuche.

L'histoire était relayée par le Canard enchaîné

Lorsqu'on lui posait alors la question de savoir pourquoi ce n'était pas le maire, mis en cause clairement par la CRC qui était mis en examen, celle-ci ne répondait pas. L'histoire était relayée par le Canard enchaîné.

Le maire ira jusqu'en cassation -c'est la commune qui paie les frais judiciaires - contre la Semaine et verra rejeter définitivement toutes ces accusations en janvier 2001. Un habitant de Saint-Cyprien, Claude Oliveres portera plainte le 3 février 1999 auprès du procureur de la République concernant le versement de ces honoraires au cabinet d'avocat. Le 7 février 2000, le procureur des P.O. indiquera par courrier au plaignant, que le dossier a été classé sans suite, faute d'éléments caractérisant « une infraction pénale ». En clair, on peut en conclure que les commues peuvent verser des émoluments conséquents sans contrepartie à n'importe quel cabinet juridique sans être inquiétées.

Comme on dit en Andalousie : Viva la Pepa !


Franc-maçonnerie et appui politique ?
Comment expliquer que Bouille n'est jamais été inquiété jusqu'en 2009. Elu en 1989 Jacques Bouille commencera à prendre des libertés avec la loi dès les premières années de mandat. La question est de savoir comment pendant près de 20 ans, II a pu développer ses travers sans être inquiété alors que les signaux ont été nombreux. On n'a évidemment pas la réponse à la question. Pour les observateurs, il y a deux possibilités, les appuis politiques et un soutien maçonnique. Peut-être les deux d'ailleurs. La première possibilité tient à une suspicion. Bouille aurait à travers les financements de ces travaux obtenu des financements pour le RPR dans le cadre du soutien de la campagne de Chirac à la présidentielle de 1995. Selon les opposants, le marché de la station d'épuration aurait permis en particulier de pouvoir assurer ce genre de service. C'est ce qui explique le soutien de Juppé à Bouille lors des cantonales de 1994 ou la remise de sa légion d'honneur par Patrick Devedjan. Un appui des caciques nationaux du RPR qui aurait fait d'ailleurs grincer des dents aux responsables locaux du parti. L'autre clé se trouverait du côté des francs-maçons. Jacques Bouille fréquentait dans les années 1990 la même loge de la GLNF, la loge Antoine de Saint-Exupéry, que Serge Pallarès et Jacques Pages. Le premier, directeur du port a été cité en audience comme acteur ou complice des faits de corruption, mais n'a pas été intégré à la liste des prévenus. Jacques Pages, était considéré, lui, comme le trésorier du RPR. Proche de Jean-Claude Méry, autre membre de la GLNF. Cette protection fraternelle a été étayée lors de l'audience lorsqu'il a été indiqué que Bouille avait été prévenu de son éminente mise en examen par son « vénérable », le président de sa loge. Comment celui-ci était-il au courant de la procédure judiciaire, de son avancée ? On ne le saura pas. Jacques Pages aurait quitté la Loge Saint-Exupéry depuis quelques années, Serge Pallarès, qui est devenu aujourd'hui président de la fédération nationale des ports de plaisance, ne fréquenterait plus les loges locales. Et la GLNF, ex-deuxième grande obédience française, a explosé au niveau national pour de sombres et importantes histoires d'argent : nombre des frères moins cupides ont créé une nouvelle obédience, la GLAMF, qui regroupe pratiquement près de 15 000 membres, autant que la GLNF. Aucune des raisons évoquées ci-dessus ne peut bien évidemment être étayée. Mais pour la bonne marche des affaires publiques et pour éviter le drame vécu dans l'affaire Bouille, la question mériterait largement d'être creusée et réfléchie.
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Du 5 au 11 mars 2015
Dossier
La semaine du Roussillon 9
Les grandes questions que va laisser le procès
Ce que l'on a entendu au tribunal Morceaux choisis du procès

Le procès de corruption généralisée de Saint-Cyprien va se terminer fatalement avec une impression d'inachevé

« Jacques Bouille m'a dit : si vous voulez, vous pouvez me faire deux chèques de 20 000 et 30 000 euros. C'est le seul moyen de modifier le plan d'occupation des sols » explique Christiane Pâturai, propriétaire de terrains qui pouvaient devenir constructibles.

« J'arrive et il (Rémi Boite) médit : " Bouille veut 50 000 euros. C'est ça ou rien ". Ça devait aller dans les poches de Jacques Bouille et Francis Montor, son ancien directeur de cabinet » témoigne, Jean-Christophe De ville, patron alors d'une boîte de peinture.

Damien Piller, le promoteur suisse : « François Fondeville m'avait dit que Francis Montor (Directeur général des services) lui avait réclamé pour lui-même et pour Jacques Bouille une partie du montant d'une construction en argent liquide. il lui avait dit : " Toute entreprise qui veut travailler à Saint-Cyprien doit passer à la caisse " ».

Du procureur de la République, Bruno Albouy, avant ses réquisitions :« Il n'y a pas de limite, la loi on ne sait plus ce que c'est. On propose une corruption de 50 000 € comme l'on proposerait d'aller boire un café au bar du coin. Oui, j'ai le sentiment que la corruption était généralisée ».

« Mais deux emplois à temps complet, ça fait beaucoup, même pour un surhomme et même pour un Catalan », s'amuse le président du tribunal, Jean-Luc Dooms au sujet des deux emplois de directeur de cabinet et directeur de station l'Office de tourisme, de Rémi Boite.

« Mais l'arme atomique de l'élu, c 'est la démission. Quand c'est inacceptable, on n 'accepte plus. Vous avez accepté, toléré, participé » , lance le président Dooms à Pierre Fontvielle premier adjoint de Bouille qui a signé tous les remboursements de frais sans rechigner.

M. Martinez qui avait réservé avec un chèque d'acompte un terrain près du port. «Le maire avait confié le dossier au directeur du port (Serge Pallares. N DLR ). Soudain

Pourquoi des personnes citées ne sont passées au rang des prévenus ?

Les audiences publiques du procès, ont mis en lumière, pour ne pas dire mis en cause, de grands absents au rang des prévenus.

Parmi eux, figure en tête Serge Pallarès, le directeur du port, très proche de Jacques Bouille durant des années, dans la même loge maçonnique dans les années 1990, qui a bénéficié un temps d'emplois fictifs.

Au rang des absents également Georges Bouille, le frère de l'ex-maire, chez qui aurait été entreposée une partie des ouvres d'art dans la précipitation au moment du verrouillage de l'enquête.
Ou encore Jacques Pages, présenté comme un « gourou » de Saint-Cyprien, mis en cause par un rapport de la Chambre régionale des comptes en 1998. Absent également au rang des prévenus, de grandes entreprises, comme la Colas et Fondeville, également citées au cours des audiences, mais dispensées de comparution. A leur décharge, on indiquera quand même, que l'initiative de la corruption n'est pas de manière évidente à Saint-Cyprien, le fait des entreprises, mais bien des responsables de la mairie, élus ou pas. Précisons que le fait d'avoir vu ces personnes

apparaître au procès, comme prévenus ou même témoins, ne préjuge évidemment pas d'une culpabilité quelconque. Mais lors du déroulé du procès, leur absence a de manière évidente manqué à la clarté des débats.

Pourquoi n'a-t-on pas creusé pour chercher les documents brûlés et les restes humains ?

L'histoire est revenue trois fois à la barre. Alors que l'enquête chauffait à Saint-Cyprien, Jacques Bouille avait demandé à Rémi Boite son directeur de cabinet de faire disparaître 47 sacs de papiers et livres divers. Rémi Boite faisait appel à un employé municipal pour creuser une tranchée au tractopelle. « On a découvert des squelettes humains », indiquera Rémi Boite, à la barre. La tranchée a été rebouchée. Un autre trou creusé plus loin accueillera les documents qui seront brûlés. On ne s'occupera pas d'essayer de les récupérer, ni même, comme l'indiquera le président Dooms, de s'inquiéter de la présence de squelettes dans les sols au point de ne même pas solliciter un archéologue. Un des points curieux du dossier d'instruction.


 

 

M. Pallarès a jeté la suspicion sur notre projet. On a senti une pression de la capitainerie. Un jour il a fait enlever nos rails de mise au port ». Les terrains préemptés iront à Pierre Ferrer un entrepreneur qui achètera un tableau pour Jacques Bouille.

«Alors pourquoi, à Saint-Cyprien, on traite des affaires d'urbanisme avec le directeur du port qui n'a aucune compétence administrative » , demandera le président du tribunal à Pierre Ferrer, sans obtenir de réponse de l'entrepreneur.

«L'urbanisme, je n'y connais rien » explique à la barre du tribunal Jean-Louis Izard, pourtant adjoint chargé de l'Urbanisme pendant 13 ans. Le même expliquera que les gros dossiers d'aménagement étaient confiés à Serge Pallarès.

Marc Blasco aurait livré des cargaisons d'ouvre d'art, tableaux, masques et statuettes, « deux camionnettes pleines chez Georges Bouille, le frère du maire. (...)Ona tout mis dans le garage et la salle à manger » « aidé » une fois dans ces livraisons par Mme Bouille, affirmera Marc Blasco, adjoint aux déchets et factotum de Jacques Bouille.

« Là, je suis obligé de reparler de Serge Pallarès, explique Francis Montor à la barre. On doit à ce garçon 30 % de la dette de la commune, avec la réfection du port, le dragage, le pont tournant, le bâtiment de la marée, (...) quelque chose de surdimensionné... (...) A sa demande, on a aussi créé une équipe de rugby à XIII pendant 3 ans avec un budget de 150 000 € par an ».

Parmi « les hommes d'influence » de la mairie, Francis Montor, cite « Serge Pallarès, Jacques Pages, avocat-conseil de la ville, Marie-Antoinette Bouille, " le pantalon idéologique " » du maire
« Le pouvoir serait tenu par un même groupe de réflexion ? » s'enquiert le président. «C'est direct lesfrancs-maçons, répond Francis Montor. (.. .) Le vendredi précédent l'arrestation de Jacques Bouille, soit deux jours avant, son Vénérable est venu l'informer».
Le sentiment d'impunité du maire Francis Montor l'a raconté ainsi : « Les fonctions du maire, notable, franc-maçon, secrétaire départemental du parti. Ses relations avec des ministres, avec à l'époque, le garde des Sceaux. Patrick Devedjan, ministre délégué, est venu lui remettre sa légion d'honneur. (...) Il y avait tout l'environnement politico-administratif, judiciaire et financier qui venait manger à sa table. Ce qui ajoutait au sentiment d'impunité de Jacques Bouille. Il y avait les plus hautes autorités. Même après le signalement de Tracfin, il y a eu un repas payé par la mairie à l'Almandin avec le procureur, le préfet et le trésorier-payeur général ».

 
Alain Bauer ! ?

Médiapart du Sam. 21 mars 2015 - Dernière édition
Alain Bauer a profité de contrats de complaisance à la Caisse des dépôts

28 novembre 2014 |  Par Laurent Mauduit

Alain Bauer a profité de contrats de complaisance à la Caisse des dépôts, sous la direction générale d'Augustin de Romanet puis de Jean-Pierre Jouyet. Un contrat annuel de 200 000 euros portait sur les questions de sécurité. Plusieurs milliers d'exemplaires du guide gastronomique Champérard, contrôlé à 50 % par le criminologue, ont aussi été achetés par la Caisse.

Cet article est en accès libre.

C'est une nouvelle en apparence microcosmique mais qui en dit long sur les intrigues, les jeux d'influence et les passe-droits qui se nouent parfois dans les coulisses du pouvoir : ami intime de l'actuel premier ministre et ancien grand maître du Grand Orient de France, Alain Bauer, qui use de sa qualité de professeur en criminologie pour décrocher des missions de conseil en sécurité auprès des grandes entreprises, a bénéficié de contrats et d'avantages secrets auprès de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), du temps où celle-ci avait pour directeur général Augustin de Romanet, puis à nouveau sous Jean-Pierre Jouyet. Mais selon nos informations, le nouveau patron de la Caisse, Pierre-René Lemas, a décidé de remettre de l'ordre dans sa maison et vient très récemment de mettre fin à ces contrats.

Devenant directeur général de la CDC en juillet dernier, derrière Jean-Pierre Jouyet parti le remplacer à l'Élysée comme secrétaire général, Pierre-René Lemas a en effet, selon nos informations, épluché les uns après les autres les contrats avec des prestataires entérinés par ses prédécesseurs. Et dans le lot, il a eu la surprise de découvrir que sa nouvelle maison était liée par contrat à la société d'Alain Bauer qui, dans le passé, était dénommée « AB Associates » avant d'être rebaptisée « AB Conseil » (AB pour Alain Bauer, naturellement). Pour être précis, ce contrat avait été passé entre AB Conseil et une filiale de la CDC dénommée CDC International Capital, dirigée par Laurent Vigier, un proche d'Augustin de Romanet, ancien conseiller comme lui de Jacques Chirac à l'Elysée.

Aussitôt, Pierre-René Lemas a donc donné des instructions pour que ce contrat ne soit pas renouvelé. Et ce, d'après nos sources, pour une double raison. D'abord parce qu'il était très onéreux : 200 000 euros par an, TVA comprise. Ensuite parce qu'il s'agissait de sommes dépensées totalement à fonds perdus. Alain Bauer se bornait en effet en contrepartie des sommes qu'il empochait à transmettre à la CDC quelques notes sur les risques sécuritaires dans le monde et en France, notes qui pour la Caisse n'avaient strictement aucune utilité, selon les nombreux témoignages que nous avons pu recueillir. Le dénommé Laurent Vigier a donc été contraint, selon une très bonne source, de prendre sa plus belle plume pour annoncer à Alain Bauer que son travail avait vraiment donné toute satisfaction - il pouvait difficilement faire autrement puisque c'est lui qui avait passé le contrat -, mais que la CDC n'avait nulle intention de le renouveler. En clair, Alain Bauer a été très poliment mis à la porte.

Pour ceux qui, à la Caisse, étaient dans la confidence, ces notes ont toujours été un motif de stupéfaction, car tout le monde connaissait leur seule destination : la poubelle !

La dénonciation du contrat décidée par Pierre-René Lemas ne s'est pourtant pas réalisée sans mal. Selon des indiscrétions recueillies par Mediapart, Alain Bauer ne s'est pas incliné sur-le-champ et s'est montré très insistant, pour ne pas dire véhément, espérant longtemps que le nouveau patron de la CDC ne persisterait pas dans son projet. C'est d'ailleurs à cause de cela que nous avons eu vent de l'affaire : comme Alain Bauer ne décolère pas depuis qu'il a appris la nouvelle et que dans les coulisses du pouvoir il a tempêté contre cette mauvaise manière qu'on lui faisait, l'affaire a fini par s'ébruiter.

Alain Bauer sur Europe 1 en septembre 2014 Alain Bauer sur Europe 1 en septembre 2014

Il est vrai qu'Alain Bauer est un homme secret mais influent, jusque dans les sommets du pouvoir. Formant un trio inséparable avec le patron de l'agence Havas, Stéphane Fouks, et Manuel Valls, du temps où tous les trois représentaient le courant des jeunes rocardiens au sein de l'Unef (lire Manuel Valls, l'ombre de la Mnef et les coulisses du PS ), il profite aujourd'hui d'une conjoncture politique hautement favorable puisque l'un de ses plus proches amis est premier ministre - Alain Bauer est même le parrain de l'un des enfants de Manuel Valls.

Mais Alain Bauer est aussi réputé pour avoir entretenu des relations de grande proximité avec Nicolas Sarkozy, dont il a été le conseiller pour les questions de sécurité. Disposant de ses entrées à l'Élysée sous le précédent quinquennat, il a même été à l'origine de très vives controverses juste avant l'alternance de 2012, quand l'ancien chef de l'État a décidé la création d'une section criminologie à l'Université, sous la réprobation unanime de la communauté scientifique et que, du même coup, Alain Bauer est devenu professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers (lire Installer la criminologie à l'Université : le fait du Prince et le débat scientifiqu e).

Dans quelques cénacles, Alain Bauer jouit donc de la réputation d'être un homme de réseaux et d'influence, qui bénéficie de relations privilégiées aussi bien dans les sommets dirigeants de l'aile droite du Parti socialiste, le clan des ex-strauss-kahniens qui rassemble aussi bien Manuel Valls que Jean-Christophe Cambadélis, que dans les cercles dirigeants de la « Sarkozie ».

C'est d'ailleurs pour cette raison, selon nos informations, qu'Alain Bauer a décroché son premier contrat à la CDC, en 2007. À l'époque, la Caisse a pour patron Augustin de Romanet, qui a été porté à cette fonction par Jacques Chirac juste avant l'élection présidentielle. Détesté par Nicolas Sarkozy, le patron de l'époque de la CDC, qui craint de ne pas être reconduit dans ses fonctions, a alors l'idée de confier cette mission à Alain Bauer.

Pour réaliser cette enquête, j'ai eu de longs échanges avec de nombreux témoins qui ont requis l'anonymat. J'ai aussi posé de nombreuses questions à Alain Bauer qui a accepté de me répondre. On trouvera certaines de ses réponses au fil de l'article et leur version intégrale sous l'onglet « Prolonger » associé à cet article. La Caisse des dépôts, de son côté, n'a pas souhaité faire de commentaires.

En vérité, la Caisse n'a pas besoin d'enrôler un tel chargé de mission, mais le patron de l'institution peut penser faire coup triple en mettant de la sorte Alain Bauer dans sa poche. D'abord, il peut espérer que ce geste en faveur d'un proche de Nicolas Sarkozy améliorera ses exécrables relations avec l'Élysée. Deuxio, cela lui permet aussi d'établir des passerelles avec certains cénacles de la gauche. Et tertio, comme Augustin de Romanet vit avec l'obsession que ses premiers échecs à la CDC sont le produit d'un complot franc-maçon - il s'en est ouvert sans cesse à tous ses visiteurs, y compris à l'auteur de ces lignes -, il se prend à penser qu'enrôler l'ancien grand maître de la principale obédience ne peut que lui être utile.

D'où ce contrat que la Caisse signe avec la société d'Alain Bauer, pour ce montant annuel de 200 000 euros.

Alain Bauer, qui a accepté de répondre à nos questions - on peut consulter sous l'onglet « Prolonger » associé à cet article la version intégrale des questions que nous lui avons posées et des réponses qu'il nous a faites -, conteste absolument l'idée selon laquelle il aurait pu bénéficier d'un contrat de complaisance. Selon sa version, il a d'abord eu des relations avec la CDC, à l'époque de Francis Mayer, le prédécesseur d'Augustin de Romanet à la direction générale de la Caisse. Mais ces relations, dit-il, « étaient gracieuses » . «   Fin 2007 , ajoute-t-il, Augustin de Romanet s'est inquiété de la crise des subprimes puis en 2008 de la situation de Blue Next sur les crédits carbone. Nous avons alors signé un contrat avec la Caisse, renouvelé régulièrement depuis et élargi à ses risques internationaux. Nous ne communiquons jamais sur les éléments précis de nos contrats sauf demande du client.   »

Selon Alain Bauer, la CDC avait donc besoin de ses services et il résume son travail de la manière suivante : «   Il y a une veille générale sur les crises et les menaces criminelles. Et sur la gestion de crise en fonction de ces dernières. » Et il s'amuse que l'on ose prétendre que sa mission soit sans la moindre utilité pour la Caisse : « Visiblement, les témoignages sont de nature contradictoire. À l'occasion de notre fin de contrat en cours, nous avons reçu les compliments inverses. » , dit-il.

Mais cette version, nous n'avons trouvé personne à la Caisse qui vienne l'étayer. Partout, nous avons recueilli le même témoignage concordant : ce qui intéresse à l'époque Augustin de Romanet, n'est pas d'obtenir des éclairages sur les questions de sécurité mais de profiter de l'entregent de l'homme d'influence qu'est Alain Bauer. De cela, il y a d'ailleurs un autre indice. Au même moment, la Caisse des dépôts fait en effet un très curieux achat : il s'agit d'un livre, dont elle fait l'acquisition en très grand nombre. L'ouvrage en question est le guide gastronomique Champérard, un guide comme tant d'autres mais qui vise une clientèle haut de gamme aimant faire bonne chère mais n'ayant pas peur des factures salées.

Ce guide est acheté par la direction de la communication de la CDC sur instruction de la direction générale en nombre considérable. Une bonne source nous assure que l'achat a porté sur plusieurs milliers d'exemplaires, entre deux à trois. Plus précisément, un premier contrat a été conclu en 2010 pour l'achat de ces guides, et la Caisse a signé un deuxième contrat pour acheter des guides de l'édition de 2011. Interrogé par Mediapart sur le nombre de guides achetés par la CDC, Alain Bauer n'a pas véritablement répondu à la question : il ne nous a informé ni sur le nombre d'ouvrages, ni sur la facture payée par la Caisse. Tout juste nous a-t-il fait ce commentaire : « Le responsable du guide Champérard est monsieur de Champérard. Augustin de Romanet cherchait juste un cadeau de fin d'année et a aimé celui qui lui avait été offert par moi à l'occasion des fêtes.   »

En 2010, lors d'un séminaire annuel organisé à Deauville pour les quelque 400 cadres de l'institution, dont beaucoup sont hébergés dans un cinq étoiles, le « Royal Barrière » , tous les participants ont ainsi la surprise de recevoir en cadeau un exemplaire du guide. À 29 euros le guide, cela fait donc déjà une belle mise de fond !

Et plusieurs années plus tard, si des exemplaires du guide ont été offerts par la CDC à certains de ses invités et distribués en masse en 2012 au congrès des maires de France, la Caisse n'est toujours pas parvenue à écouler les stocks considérables d'ouvrages qu'elle a acquis. « Nous avons encore des cartons innombrables de guides qui dorment dans les placards » , nous assure un témoin. Quoi qu'il en soit, ces deux contrats d'achat des guides ont pris fin en 2012, lors de l'alternance.

Et pourquoi donc la Caisse des dépôts a-t-elle acheté des exemplaires de ce guide gastronomique en nombre si considérable, et pourquoi notre criminologue est-il concerné par cette histoire ? Quand on va sur le site internet personnel d'Alain Bauer (il est ici), on a un début de réponse, puisque le fameux guide Champérard y est présenté (c'est là ).

Si l'on pousse un peu plus avant les recherches, on découvre qu'Alain Bauer est en réalité le directeur de ce guide : on en trouve par exemple la mention sur le site internet des Presses universitaires de France, dans la présentation qu'elles font ( elle est ici) d'un ouvrage culinaire coécrit par l'intéressé.

Mais la vraie raison, c'est sur le site internet du tribunal de commerce qu'on la trouve. Car si l'on achète les statuts à jour de la SARL guide Champérard, on y découvre, comme en témoigne l'une des pages que nous reproduisons ci-dessous, qu'Alain Bauer détient le capital de la société à 50 %, l'autre moitié étant détenue par un dénommé René Pérard.

Il n'est pas certain, pourtant, que ce discret et coûteux coup de pouce de la Caisse des dépôts, prélevé sur des fonds publics, ait beaucoup aidé le guide Champérard. Car en vérité, celui-ci semble se porter plutôt mal, tout à la fois pour des raisons financières et éditoriales. Si l'on se plonge dans les comptes de la SARL, on découvre en effet qu'elle a réalisé en 2013 un bénéfice net de seulement 846 euros. En clair, la société est ric-rac et à l'équilibre, ce qui explique sans doute que son actionnaire fasse la manche auprès de ses clients pour la maintenir à flot.

Mais le même guide a aussi été critiqué pour ne pas payer ses additions quand il va visiter un grand restaurant. Ce dont s'est défendu Marc de Champérard, qui lui aussi est directeur du guide, dans un entretien à un site internet spécialisé Atabula . Interrogé sur les critiques d'un chef connu, Georges Blanc, qui lui a fait ce grief, celui-ci rétorque : «   C'est du mensonge. C'est lui qui tenait à m'inviter, je n'y peux rien. Ces cinq dernières années, j'y suis allé avec mon compère Alain Bauer, qui est actionnaire à 50 % des éditions Champérard. Vous imaginez M. Bauer, au regard de ses fonctions et de son statut d'ancien Grand Maître du Grand Orient de France, partir sans demander son addition ? Entre francs-maçons, cela ne se fait pas ! Beaucoup de chefs invitent car ils attendent en retour une critique positive. C'est un raisonnement simpliste et bête. »

Quoi qu'il en soit, Jean-Pierre Jouyet trouve donc en héritage ce contrat de 200 000 euros passé entre Alain Bauer et la Caisse des dépôts et consignations, quand il en devient le directeur général en juillet 2012. Dans les mois qui suivent, il a donc la possibilité de le dénoncer. Il s'en garde pourtant bien. Son directeur de cabinet de l'époque, Stéphane Keita, qui est un ancien collaborateur de Dominique Strauss-Kahn et qui fait donc partie de la même mouvance strauss-kahnienne, comme Manuel Valls et Alain Bauer, l'incite même, quand le contrat annuel arrive à échéance, à le renouveler. Et c'est donc ce que finit par faire Jean-Pierre Jouyet, même s'il sait pertinemment que c'est de l'argent public jeté purement et simplement par les fenêtres. Faisant valoir que la Caisse avait intérêt à s'attacher ses services à cause de ses activités «   sur des crises aussi diverses que les crédits carbone, les subprimes, des décisions d'investissement ou de non-investissement, la lutte contre le blanchiment » , Alain Bauer assure, lui, que Jean-Pierre Jouyet a reconduit ce contrat « pour exactement les mêmes raisons ». « Il a même fait lancer un appel d'offres public pour calibrer des missions à plus long terme » , assure-t-il.

Mais cette fois encore, cette version fait sourire à la CDC et beaucoup, dans les instances de cette immense maison, estiment que Pierre-René Lemas a bien fait de rompre avec un contrat qui avait été signé par complaisance ou dans des logiques d'influence.

L'histoire s'arrête donc là et elle serait restée à tout jamais secrète si Alain Bauer n'avait pas protesté un peu trop bruyamment. Et cela aurait été dommage. Car elle en dit long sur certaines pratiques qui se développent dans l'ombre du pouvoir. Des pratiques qui ont eu cours à la Caisse des dépôts mais aussi dans bien d'autres entreprises publiques, où Alain Bauer a pu mettre un pied dans la porte. On en trouve une liste (sans doute non exhaustive, puisque la Caisse des dépôts n'y est pas citée) sur le site internet de AB Conseil .

Et visiblement, Alain Bauer ne vend toujours pas que des conseils en sécurité. Comme avec les guides Champérard à la Caisse des dépôts, il fait aussi du petit commerce en vendant des prestations annexes. C'est ce que lui-même nous a fait comprendre car, lorsque nous lui avons demandé s'il avait vendu des guides Champérard à d'autres entreprises publiques qui font appel à ses services, il a eu cette drôle de réponse : «   Pas à ma connaissance, mais certaines ont pu commander des produits spécifiques dans des conditions proches.   »

Mais l'affaire éclaire aussi les pratiques auxquelles ont eu recours les derniers patrons de la Caisse des dépôts, Augustin de Romanet et Jean-Pierre Jouyet. Et pour ce dernier, cela tombe vraiment mal. Objet d'innombrables critiques, au cour d'une controverse ravageuse liée à son déjeuner avec François Fillon, le voilà, au travers de cette histoire, qui montre une autre facette de sa personnalité, guère plus vertueuse.

On lira ci-dessous les questions que j'ai posées par mail, jeudi 27 novembre, à Alain Bauer et les réponses qu'il m'a rapidement fournies :

1. Pouvez-vous m'indiquer le montant du contrat dont vous disposiez et la date à laquelle il a été pour la première fois conclu ?

- Mes relations avec la CDC datent de Francis Mayer en 2005/2006. Elles étaient gracieuses. Fin 2007, Augustin de Romanet s'est inquiété de la crise des subprimes puis en 2008 de la situation de Blue Next sur les crédits carbone. Nous avons alors signé un contrat avec la Caisse renouvelé régulièrement depuis et élargi à ses risques internationaux. Nous ne communiquons jamais sur les éléments précis de nos contrats sauf demande du client.

2. Pouvez me préciser la nature des prestations que vous fournissiez en contrepartie des sommes que vous receviez de la Caisse des dépôts ? Puis-je consulter les notes que vous auriez pu adresser à la CDC à ce titre ?

- Il y a une veille générale sur les crises et les menaces criminelles. Et sur la gestion de crise en fonction de ces dernières. Nous ne communiquons aucun document qui reste la propriété du client. 

3. Pourquoi, à votre connaissance, Augustin de Romanet a-t-il conclu avec vous ce contrat, alors que, selon de nombreux témoignages, la CDC n'avait strictement aucun besoin d'une mission de ce type ?

- Visiblement les témoignages sont de nature contradictoire. À l'occasion de notre fin de contrat en cours, nous avons reçu les compliments inverses...

4. Alors, si la CDC n'avait aucun besoin de vos études, quel était, selon vous, l'intérêt d'Augustin de Romanet de conclure ce contrat avec vous ?

- L'intérêt de nos activités sur des crises aussi diverses que les crédits carbone, les subprimes, des décisions d'investissement ou de non-investissement, la lutte contre le blanchiment..

4. Pourquoi, à votre connaissance, Jean-Pierre Jouyet a-t-il reconduit ce contrat avec vous ? Vous a-t-il dit ce qu'il attendait de vous ?

- Pour exactement les mêmes raisons. Il a même fait lancer un appel d'offres public pour calibrer des missions à plus long terme.

  5. Pouvez-vous m'indiquer le nombre exact d'exemplaires du guide Champérard qui ont été vendus à la Caisse des dépôts et pour quel montant ? Avec qui, au sein de la CDC, avez-vous conclu cette affaire et sur instruction de qui la Caisse a-t-elle passé cet autre contrat avec vous ? Pouvez-vous m'indiquer la part du capital que vous détenez, directement ou indirectement, dans la société qui édite ce guide ?

- Le responsable du guide Champérard est monsieur de Champérard. Augustin de Romanet cherchait juste un cadeau de fin d'année et a aimé celui qui lui avait été offert par moi à l'occasion des fêtes.

6. Pouvez-vous m'indiquer les autres entreprises publiques avec lesquelles vous avez passé des contrats du même type, sur des questions de sécurité ?

- Nous ne le faisons jamais mais nos références publiques sont sur notre site. alainbauerconseil.net

7. Pouvez-vous m'indiquer si certaines de ces mêmes entreprises publiques ont aussi acheté en nombre à votre demande des exemplaires du guide Champérard ?

- Pas à ma connaissance, mais certaines ont pu commander des produits spécifiques dans des conditions proches.