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L'Obs - Société Publié le 29 novembre 2018 à 13h49
Haurus, le policier ripou de la DGSI qui vendait des infos confidentielles
Activité clandestine sur ordinateur (Pxhere.com / CC0)
Deux truands marseillais ont été tués peu après que ce policier a vendu des données à leur sujet.
Un policier de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) a été arrêté et écroué fin septembre. Sous le pseudonyme d'Haurus (dérivé d'Horus, le dieu égyptien), il vendait toutes sortes de renseignements sur le darknet (versant du net inaccessible aux moteurs de recherche et accessible seulement via des logiciels comme Tor ).
Il se présentait ainsi, indique "le Parisien" , qui avait révélé cette arrestation en octobre :
"Je suis Haurus, la quarantaine, initié aux arts divinatoires de l'informatique depuis quelques années. J'espère me nourrir de votre connaissance et qui sait. me faire de l'argent ! Participer à ce joyeux bordel sera aussi un plaisir ! A très vite."
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Le quotidien rapporte :
"Selon une source proche de l'enquête, l'agent avait noué des contacts avec des membres du monde de la criminalité organisée ainsi qu'avec des spécialistes de l'intelligence économique intéressés par l'obtention de telles données. [...] Le ripou présumé, en poste dans les Hauts-de-Seine, est également soupçonné d'avoir eu un rôle actif dans la confection de faux documents administratifs."
Accès direct à des fichiers protégés
Haurus, via la plateforme Black Hand, aurait par exemple "proposé de suivre les déplacements d'un téléphone portable".
"Informations personnelles, faux documents, identifiants de comptes bancaires au solde créditeur, sur ce Web parallèle, Haurus vendait effectivement de quoi satisfaire nombre d'aspirations", rapporte "le Monde" , qui vient de publier une enquête sur l'affaire.
"Sauf que ses précieuses informations ne venaient pas de nulle part. Dans la vraie vie, l'homme était brigadier de police. Il était affecté à une unité antiterroriste de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Et il avait un accès direct à des fichiers protégés."
Un policier surendetté
L'homme aurait sévi de décembre 2017 à fin septembre 2018, et cela aurait suffi, selon "le Monde", pour que la vente de ses données entraîne des règlements de comptes meurtriers : ses informations vendues à des criminels, contre des paiements en bitcoins ou en carte prépayée, pourraient avoir conduit "à la mort violente d'au moins deux membres du milieu, à Marseille, en mai et en avril, et fait une victime collatérale", les deux premiers ayant été assassinés peu de temps après les recherches du policier corrompu.
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Pour accéder aux fichiers, l'homme devait utiliser son identifiant personnel. Il a assuré avoir agi par curiosité et appât du gain : le policier est surendetté et interdit bancaire jusqu'en 2020, précise "le Monde". Il aurait gagné un peu plus de 20.000 euros en vendant des informations personnelles, soit 100 à 300 euros par renseignement vendu. Pas à une infraction près, l'homme s'était aussi lancé dans la fabrication de faux chèques.
Mais en juin, la machine s'est enrayée : la plateforme Black Hand a en effet été démantelée , lors d'une opération des douanes. Le serveur a dans la foulée été récupéré par les enquêteurs, ce qui les a mis, entre autres, sur la piste d'Haurus.
T. N. L'Obs
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