Le Point.fr - Publié le 16/02/2012 à 07:55 - Modifié le 17/02/2012 à 19:38
Argent des syndicats : l'intégralité du rapport Perruchot DOCUMENT. C'est le rapport que toute la classe politique veut enterrer. Le Point.fr le publie en intégralité.
"Le Point" publie le rapport intégral de Nicolas Perruchot sur les syndicats. © Pele Gwendal / Sipa
Le rapport Perruchot, du nom du député Nouveau Centre rapporteur de la commission d'enquête, a été enterré en novembre 2011 sans autre forme de procès. Officiellement, il ne pourra être publié que dans trente ans ! De larges extraits du rapport avaient déjà été édités dans Le Figaro . Le Point.fr vous le propose aujourd'hui dans son intégralité.
Le rapport visait à faire la lumière sur les finances encore très opaques des syndicats, tant ouvriers que patronaux. Son histoire n'est pas banale. Tout commence en 2007, lorsque Nicolas Perruchot, député du Loir-et-Cher connu pour avoir été le "tombeur" de Jack Lang à la mairie de Blois, propose la création d'une commission d'enquête. L'accueil est froid. Mais en 2010, le Nouveau Centre utilise le "droit de tirage", qui autorise chaque groupe parlementaire à réclamer la création d'une commission d'enquête pour rouvrir le débat.
Consternant
Tous les groupes, UMP, socialistes, Verts, se cabrent. L'Élysée aussi rechigne à chatouiller les centrales syndicales à quelques mois de la présidentielle. Mais la commission est quand même mise en place. Le rapport est rédigé. Sur les trente membres de la commission, seuls neuf participent au vote. Deux centristes votent pour, trois socialistes contre et quatre élus UMP s'abstiennent. Le rapport Perruchot, puisqu'il n'a pas été adopté, ne sera pas publié, fait rarissime pour la Ve République.
Le Point.fr, en le mettant en ligne, décide de rendre chacun juge de son contenu. Le rapport n'est pas d'une lecture facile. Il ressort tout de même que :
- Les syndicats patronaux, en dépit de leur opulence, "tapent" dans les fonds des organismes paritaires (Sécurité sociale, Unedic, formation...).
- Les syndicats ouvriers vivent aux crochets de l'État et des organismes paritaires.
- Le syndicat agricole dominant, la FNSEA, a un art éprouvé pour confondre fonds publics et militantisme.
Au total, le rapport Perruchot dresse, entre les lignes, un rapport consternant de la vie syndicale en France. À base de combines et de faux-semblants. Où l'État participe à un jeu de rôle avec des apparatchiks syndicaux qui ne représentent pas grand-chose. La France compte 8 % de syndiqués et huit "grands" syndicats. Qui ne courent pas derrière les militants et leurs cotisations tellement il est plus facile d'actionner d'autres pompes à fric (parmi lesquelles les comités d'entreprise des sociétés publiques).
Cliquez ici pour consulter la version intégrale du rapport Perruchot (sans les annexes consacrées aux auditions).
208 Commentaires
CHTI333 le 27/02/2012 à 23:41 Signaler un contenu abusif
Festivitées syndicales
Elles sont connues, pour se dérouler dans des cadres magnifiques et champêtres ces festivités. Leurs mises sur pied n'a pas grand chose à voir avec la défense de la classe des actifs (Ouvriers, employes, cadres... ).
neptune le 27/02/2012 à 17:08 Signaler un contenu abusif
@ Napoleon confond tout
L'argent public c'est mon argent. Donc bravo à ce rapport. L'argent public doit servir à l'Etat d'assurer ses fonctions régaliennes, non pas à tremper dans les magouilles, que ce soient celles des syndicats ou celle des élections.
Et il serait justement temps de laisser aux employeurs des coudées un peu plus franches car la croissance, c'est l'entreprise donc le patron !
le lecteur le 22/02/2012 à 14:49 Signaler un contenu abusif
Bravo pour votre courage et votre impertinence
Bonjour et bravo au Point d'avoir osé cette publication. Je suppose que certains politiciens et/ou syndicalistes ont tenté de faire pression pour empêcher cette publication... Je crois maintenant qu'il est temps que les journalistes deviennent (enfin !) de vrais journalistes, qui osent poser de vraies questions, même si ces dernières mettent à mal certains politiciens et/ou syndicalistes à l'égard de leurs opinions/décisions. D'ailleurs où sont les politiciens et syndicalistes ? Qu'ils expriment leurs opinions sur ce rapport ! Qu'ils s'expliquent ! Qu'on nous dise pourquoi des décisions (si difficiles pour les travailleurs) n'ont jamais été prises avant ? Cela aurait été tellement moins douloureux et on aurait eu beaucoup plus de temps pour nous adapter... Le Point, continuez !
napoleon solo le 21/02/2012 à 09:32 Signaler un contenu abusif
@dapo
"[...] Vive la démocratie, la politique et les syndicats… à quand la révolution. [...]"
Si ta révolution consiste à éradiquer la politique, les syndicats et la démocratie, elle peut attendre longtemps ; ça s'appelle plutôt un coup d'état totalitaire...
Le monde associatif est l'un des rares secteurs où le vivre ensemble et la démocratie sociale est opérante, les syndicats en font partie. Seuls les individualistes pathologiques (l'homme est par nature collaboratif) y trouveraient leur compte à ne pas voir se développer ces secteurs porteur de valeurs humaines et pourvoyeur d'emplois (aidés malheureusement). Voilà de l'argent public bien dépensé, mais aussi pas assez. Il faut vraiment ignorer les syndicats et leur actions pour souhaiter leur disparition, après la fracture sociale et la fracture numérique, la fracture mutualiste ?
napoleon solo le 21/02/2012 à 08:54 Signaler un contenu abusif
Faux semblants
Ce que ne dit pas vraiment ce rapport c'est la part des choses. Si comme certains ici vous ne voulez plus que les syndicats de salariés trouvent des ressources dans les aides structurelles et légales que le code du travail prévoit pour permettre l'exercice du droit syndical il faut le dire : c'est le rêve de tous les patrons. Pas étonnant alors que l'indignation gagne ceux qui voudraient que l'argent de l'État soit bien dépensé ; mais serait-ce bien le dépenser que de permettre aux employeurs d'avoir les coudées franches ? Si il est permis de penser que des abus puissent exister, cela reste du cas-par-cas, en faire une généralité et confondre toutes les organisations serait malhonnête ; ce n'est pas ce que fait ce rapport malgré son manque de clarté. Je préfère savoir mon argent employé au dialogue social qu'à des valises de billets pour des rétro-commissions occultes sur des ventes d'armes (par exemple), je voudrais même voir le dialogue social progresser, c'est à dire avec des organisations saines financièrement, ce qui n'est pas toujours le cas. Si les syndicats ne doivent selon certains que se reposer sur les ressources des adhésions, alors il faut leur demander de le faire et pour cela adhérer massivement aux dits syndicats. Mais bien entendu, ce sont les mêmes qui s'indignent et s'en défient, ils sont même radicalement contre leur existence pour leur seul existence historique ; ce sont des organisations politiques par nature, les rendre apolitiques en ferait d'inoffensives amicales de boulistes. C'est un fait historique, le syndicalisme est de gauche, seul la création de la CFTC a pour un temps été le fait de personnes à la botte des employeurs, puis pour un combat idéologique anti-communiste et enfin pour une alliance historique (mais provisoire) pendant la dernière guerre avec la CGT. La CFDT est issue de la CFTC, on comprend mieux pourquoi les membre de ce syndicat devenu laïc sont toujours dans les couloirs de l'UNEDIC ou dans les antichambres des négociations pour faire ses petits arrangement avec le patronat qui a toujours aussi peur des vilains révolutionnaires... Mais aujourd'hui, on peut aussi constater que le darwinisme social est devenu l'étiologie du syndrome du larbin. Les indignés s'indignent à bon compte, ils n'ont pas compris que s'ils veulent proposer d'autres règles, il faut d'abord s'impliquer dans le jeu politique et aller porter son opinion ou ses compétences dans ces mêmes syndicats qui resteront imperméables aux critiques faites de l'extérieur ; et c'est bien normal. Pour le reste, les constats fait au sujet des syndicats patronaux et agricoles sont affligeant, la proportion en terme monétaire est nettement plus importante que les budgets des organisations de salariés et il est normal ici de s'en scandaliser.
JE-M-INFORME le 21/02/2012 à 08:31 Signaler un contenu abusif
Et voilà...
Et voilà comment tous les politiques et médias "bien-pensants" laissent le champ de certaines réformes à Mme Le Pen, comme si ce sujet ne les concernait pas.
Là on lui offre des voix sur un plateau ! Encore un gâchis de plus, et politique celui là...
Lambert Caus le 21/02/2012 à 05:36 Signaler un contenu abusif
Du vrai journalisme
Bravo pour cette publication, je fais partie des Français qui aimeraient que la presse soit plus impertinente, plus précise, moins idolâtre vis à vis de nos élites ! Vu le pavé (220 pages) un petit résumé de votre part serait le bienvenue ainsi qu'un éclairage pour les non-initiés... Mais peut-être que c'est fait dans la version papier ?
Pour mémoire, il n'existe pas de groupe vert à l'assemblée, et aucun député vert n'était dans cette commission. Évitez de mettre tous les partis dans le même sac, ça fait inutilement le lit des extrêmes...
fred-alex le 21/02/2012 à 00:23 Signaler un contenu abusif
Voyons
Ce n'est quand même plus une surprise que les leaders syndicaux ne représentent plus les travailleurs. C'est d'ailleurs pour ça que les socialistes et le front de gauche perdent toute crédibilité, quand ils vantent les partenaires sociaux, qui eux, font à peine 5 ou 6 % d'adhérents.
Jean-raoul le 20/02/2012 à 21:24 Signaler un contenu abusif
Merci au point !
Il est bon de révéler ce genre de choses. Mais j'ai vu un seul candidat a la présidentielle dans une vidéo (Marine Le Pen) qui promettait s'il elle était élue que les syndicats ne vivrait que sur les deniers de leurs adhérents. Ce serai quand même plus juste. Tout comme les associations communautaires aux but parfois bien flous ou ayant rien à voir avec une quelconque utilité...
JE-M-INFORME le 20/02/2012 à 08:02 Signaler un contenu abusif
Et si on agissait
Une idée... :
et si Le Point posait ces deux questions à chaque candidat à l'élection présidentielle : que comptez-vous faire pour :
-mettre fin (ou au moins atténuer) le phénoménal gaspillage d'argent public consacré aux organisations représentant les entreprises et aux syndicats de salariés et de fonctionnaires ?
-simplifier le mode de fonctionnement des toutes nos "usines à gaz" qui régissent le social, l'emploi, la formation, etc. Lisez bien dans dans le rapport, les détails sur le fonctionnement des organismes paritaires, la composition des conseils d'administration de toutes ces instances et le nombre de conseils d'administration au niveau national, régional, etc. : c'est à pleurer de voir ça, heureusement que les entreprises fonctionnent plus simplement ! Et tout cela avec des personnes peut-être compétentes, mais non représentatives de la population française...
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