Accueil    

Dérapages dans le département 18 juges huis-siers no-tai-res avo-cats  gendarmes  policiers  sur le reste de la France

Des avocats truands sont protégés par des bâtonniers et par certains magistrats les exemples de Grenoble ne manquent pas.

Le Figaro.fr
Clochemerle au barreau de Nevers - Par  Cyrille Louis 19/03/2010 | Concrètement, Fontaine reproche à ses anciens collègues d'avoir profité de son état de faiblesse supposé pour lui faire signer des documents de première importance sans qu'il en mesure la portée.
Concrètement, Fontaine reproche à ses anciens collègues d'avoir profité de son état de faiblesse supposé pour lui faire signer des documents de première importance sans qu'il en mesure la portée.   Crédits photo : Le Figaro

Un avocat accuse deux confrères d'avoir profité de sa dépression pour le spolier.

http://www.lefigaro.fr/icones/coeur-.gifTiré à quatre épingles dans son complet de velours vert, le bâtonnier Blanchecotte affiche ce matin-là sa mine des mauvais jours. Depuis plusieurs mois, un méchant litige entre confrères empoisonne la vie du barreau de Nevers. Des robes noires sont accusées d'abus de faiblesse, de faux en écriture, de manquements divers aux règles de déontologie. Le conseil régional de discipline a été saisi de plusieurs plaintes. « Tout le monde se regarde en chiens de faïence en se demandant qui soutient qui », croit savoir un avocat de Bourges. « Ce climat me déplaît beaucoup, concède Éric Blanchecotte. En portant des différends privés sur la place publique, un avocat a pris le risque d'attirer l'opprobre sur la profession. Or, l'activité d'un modeste barreau comme le nôtre repose avant tout sur l'honorabilité de ses membres. »

L'avocat dont le comportement embarrasse Me Blanchecotte s'appelle Roland Fontaine. Âgé de 59 ans, ce natif du Cher, fils d'une institutrice et d'un marchand de vin, a porté la robe pendant près de trente ans à l'ombre du palais ducal. Installé à son compte depuis 1982, il réalisait il y a peu un chiffre d'affaires respectable et comptait, parmi ses clients, nombre d'entreprises aussi bien implantées que le Crédit agricole ou l'assureur Axa. « Hélas, une surcharge de travail a fini par m'épuiser au point que j'ai sombré dans une terrible dépression », raconte, les traits tirés et la voix désormais fort lasse, Me Fontaine. Hospitalisé en avril 2006, il a dans la foulée été « omis » par ses pairs du tableau de l'Ordre. « Officiellement, cette mesure visait à me protéger. À l'époque, nul n'imaginait que mes deux plus proches confrères allaient en profiter pour me mettre sur la paille. »

En cours de rétablissement, Roland Fontaine accuse aujourd'hui son ancien associé de moyens, Claude Mazet, ainsi que la jeune avocate qui l'épaulait alors, Garance Agin, d'avoir « pillé » son cabinet. Peu sensible à leurs protestations d'innocence, il vient de déposer une plainte avec constitution de partie civile pour « abus de faiblesse » et pour « faux et usage de faux ». À l'automne dernier, le prédécesseur du bâtonnier Blanchecotte, Me Denis Thuriot, a par ailleurs franchi le Rubicon en saisissant le conseil de discipline de Bourges. « Ce dossier est symptomatique de la gêne qu'éprouvent les institutions ordinales et judiciaires face à ce type de contentieux », déplore Me Gilles-Jean Portejoie, qui défend les intérêts de Roland Fontaine aux côtés du pénaliste parisien Thierry Herzog.

Concrètement, Fontaine reproche à ses anciens collègues d'avoir profité de son état de faiblesse supposé pour lui faire signer, en juin 2006, des documents de première importance sans qu'il en mesure la portée. « En l'espace de quelques minutes, on m'a fait entériner la mise à mort de mon cabinet alors que j'étais au bord de la folie », prétend le plaignant. Aux policiers, son psychiatre a d'ailleurs plus tard expliqué : « Mon patient n'était pas apte à prendre de telles décisions au vu de sa pathologie. »

Plus troublant, Roland Fontaine accuse Mes Mazet et Agin d'avoir fabriqué, à l'automne 2006, divers « faux » destinés selon lui à « capter » sa clientèle. « Lorsque je suis sorti de la clinique, en avril 2007, j'ai réalisé que de nombreux clients avaient ainsi été démarchés, fulmine Roland Fontaine. Quant à mon cabinet, il n'était plus qu'une malheureuse coquille vide. »

Pour leur défense, Mes Mazet et Agin soutiennent que les décisions prises après l'hospitalisation de Roland Fontaine l'ont été lors de réunions collégiales organisées par le bâtonnier. « Songez que ma cliente était alors une toute jeune femme qui n'avait ni l'expérience, ni l'autorité requise pour gérer ce type de situation », plaide ainsi l'avocat de Garance Agin, Me Eugène Bangoura. À l'encontre de plusieurs témoins, Claude Mazet soutient quant à lui que le partage des dossiers de Roland Fontaine s'est décidé lors d'une rencontre tenue à Nevers, en septembre 2006. « À cette époque, affirme-t-il, tout le monde avait compris que Fontaine n'avait plus envie de travailler. Nous avons décidé de réagir dans l'intérêt de ses clients. »

Saisie fin 2007 d'une première plainte, la PJ d'Auxerre a estimé ne pouvoir retenir aucune infraction mais Roland Fontaine n'entend pas se laisser décourager pour autant. « La justice ne peut pas donner le sentiment de couvrir cette affaire parce qu'elle implique des personnalités locales », tempête Me Portejoie.

http://www.lefigaro.fr/hpextra/auteurs/bloc_auteur_long_69/0ae04c68808b57b97868dbaa66058fc3Par   Cyrille Louis