Trois pères divorcés retranchés sur une cheminée à Grenoble
Publié le 07/07/2013 à 08:03 | 15
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Les trois pères se sont munis de victuailles avant d'investir la cheminée d'une usine de chauffage près de Grenoble. / Photo PQR.
Trois pères divorcés sont retranchés depuis vendredi minuit en haut de la cheminée d'une usine de chauffage près de Grenoble. Ils ont grimpé jusque-là pour réclamer des avancées dans leurs dossiers de garde d'enfants après des séparations difficiles. |
Ils ne sont pas venus les mains vides, au contraire, ils ont apporté «de l'eau, des affaires de rechange et de quoi tenir un certain temps», raconte l'un deux, Frédéric Foroughi. Il explique qu'ils ont «fait un peu d'acrobatie» pour arriver là, les trois pères ont en effet grimpé les escaliers et escaladé une porte cadenassée pour atteindre la cheminée de la Compagnie de chauffage de Grenoble, située à Eybens.
«Ils sont montés avec chacun trois sacs de victuailles et notamment beaucoup d'eau vu la chaleur annoncée», a expliqué hier matin Youcef Ouateli, membre de l'association Père-enfant-mère, venu soutenir les trois hommes au pied de la tour.
Il faut arrêter de violer le droit des pères
Au sommet de cette cheminée cylindrique de plus de soixante-dix mètres de haut, les trois kamikazes ont déployé cinq banderoles difficilement lisibles, proclamant notamment : «l'égalité parentale pour nos enfants, cessez de bafouer nos droits de pères», ou encore : «nous aimons nos enfants, nous avons besoin d'eux et eux aussi». Hormis la présence de deux gendarmes en mission de surveillance, l'usine située dans une zone industrielle était presque déserte hier matin.
Frédéric Foroughi, 27 ans, n'en est pas à sa première opération coup de poing. Il avait déjà conduit une action semblable fin juin sur une tour, à Forbach, en Moselle, et au sommet de la cathédrale d'Orléans au mois de mai. Cet ancien assistant maternel, reconverti en animateur de loisirs dans le Territoire de Belfort, réclame la «garde officielle de ses enfants» après que leur mère, dont il a divorcé en 2011, soit partie s'installer en Alsace, alors qu'il bénéficiait jusqu'alors d'une garde alternée.
A ses côtés, Rod Van Haute, un technicien en fibre optique de 44 ans demeurant à Grenoble. Père de trois enfants et divorcé depuis 2009, il déplore que son ex-épouse soit partie s'installer aux Etats-Unis, il y a quinze jours, avec son nouveau mari. Ce père qui bénéficiait d'un droit de visite toutes les deux semaines et la moitié des vacances scolaires, affirme n'avoir pas vu ses enfants pendant plus de six mois. Et de poursuivre : «On ne s'est pas fixé de limites, si on ne nous écoute pas on ne bougera pas. Il faut arrêter de violer le droit des pères, nous demandons une justice équitable et le droit de voir nos enfants. En outre, il réclame «d'être reçu par le procureur de la République ou un député». Un troisième père a décidé de les rejoindre, René Forney, créateur du site internet «trafic justice», où il dénonce «les rouages mafieux de toutes les institutions françaises».
Depuis vendredi, trois pères de famille divorcés grenoblois sont à nouveau perchés, en haut d'une cheminée cette fois, afin de faire avancer leurs dossiers de garde d'enfants. Un geste désespéré qui se répand en France depuis l'été dernier.
Le Printemps des papas
Dès l'été dernier, de nombreux pères souhaitant faire valoir leurs droits parentaux ont opté pour une méthode radicale en occupant plusieurs jours des grues. Serge Charnay, le plus connu d'entre eux, s'est distingué l'été dernier en passant plusieurs nuits sur une grue, à Nantes. Il a remis cela en février dernier en restant perché 4 jours sur sa grue, afin de dénoncer l'injustice des gardes trop souvent accordées, selon lui, aux femmes séparées ou divorcées. Père de deux bébés de 14 et 29 mois, Nicolas Moreno a vite rejoint la lutte de Serge. Même s'il a aussi escaladé une grue, c'est surtout sur la Toile qu'il milite car «tous les moyens sont bons».
La Dépêche du Midi |